Chta

Alors que les européens du nord rêvent d’un soleil plus chaud et de températures clémentes, ici les espoirs se tournent vers les prochaines dépressions…

On aura partagé dernièrement cette euphorie collective au cours des quelques jours de pluie (3 au total) qui firent renaître la confiance et exploser le prix de la viande au kilo…
« Chta » : le mot « pluie » en arabe dialectal sonne comme les gouttes d’eau sur un sol aride, tchic, tchoc, chta !

C’est une drôle d’expérience, pour une ancienne parisienne ayant fuit les crachins et les ciels gris, que de saisir la joie d’un jour sans soleil et l’espoir d’une année moins sèche.
Au Maroc, depuis deux ans surtout, les paysans souffrent du manque d’eau, tout comme leurs terres, tout comme leurs bêtes, la nature et un pays tout entier. Les importations explosent, et les céréales proviennent de pays lointains à l’agriculture intensive et efficace, tels que les Etats-Unis qui fournissent quotidiennement le Maghreb en ressources vitales (blé, maïs, Coca-Cola et j’en passe..).

Alors, quand la pluie tombe et que les prières de millions d’agriculteurs sont enfin exaucées, c’est le sourire et le mot « chta » qui se posent sur les lèvres des marocains.
Les campagnes se tapissent en un rien de temps d’un gazon clairsemé, et les pieds des arganiers s’entourent d’un duvet vert tendre.

Ici la pluie n’est pas un caniveau débordant, ni le désarroi des brushings du dimanche, ici l’eau amène la vie (« l’eau, l’air, la vie » : le fameux slogan de la soif), ici la pluie est une fête un peu trop rare.